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Publié le

23/7/2025

MaPrimeRénov’ 2025 : une relance restreinte sous tension budgétaire et sociale

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23/7/2025

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Annoncée le mardi 22 juillet par la ministre du Logement, Valérie Létard, la réouverture du guichet MaPrimeRénov’ pour les rénovations globales interviendra le 30 septembre 2025. Mais derrière cette annonce, une réalité s’impose : le dispositif est désormais réservé aux seuls ménages très modestes, dans un contexte de fortes restrictions budgétaires, de suspicion de fraudes massives, et d’objectifs de rénovation énergétique mis à mal.

Une relance très ciblée, presque symbolique

Alors que les acteurs de la rénovation énergétique attendaient la reprise des aides avec impatience, la décision gouvernementale marque un tournant. Seuls 13 000 dossiers seront acceptés d’ici la fin de l’année 2025, un quota extrêmement bas à l’échelle nationale. Et cette relance ne concernera, dans un premier temps, que les foyers aux revenus très modestes.

Le ministère a toutefois précisé que le guichet pourrait éventuellement rouvrir aux ménages modestes, « en fonction de la dynamique des dépôts ». Une condition floue, qui témoigne d’un pilotage sous contrainte et d’une forme d’incertitude chronique sur la continuité de la politique de rénovation énergétique.

Réduction drastique des plafonds de travaux

La réforme introduit une baisse significative du plafond de dépenses éligibles :

  • 30 000 € maximum pour un gain de deux classes énergétiques ;
  • 40 000 € pour un saut de trois classes, contre 70 000 € auparavant.

Par ailleurs, les logements éligibles devront être classés E, F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE). Le bonus pour la sortie de statut de “passoire thermique” est, lui, supprimé.

Ces changements recentrent les aides sur les passoires thermiques, ce qui est cohérent avec la stratégie nationale de lutte contre la précarité énergétique. Mais ils interrogent : peut-on atteindre les objectifs de massification de la rénovation avec de tels plafonds ?

Objectif 2025 : budget épuisé, tension à venir

D’après les chiffres partagés par le ministère, 61 000 demandes sont encore en cours d’instruction, et 35 000 ont déjà été validées depuis janvier. Le budget 2025 de 3,6 milliards d’euros sera entièrement consommé. Les nouvelles demandes de l’automne seront reportées sur l’enveloppe 2026, sous réserve du vote de la loi de finances.

Une situation qui souligne le décalage entre l’ambition initiale du plan France Rénov’ et les réalités de son financement. Pour rappel, le gouvernement visait 200 000 rénovations globales par an. Nous en sommes encore loin.

Un contexte de fraude généralisée : 5 000 dossiers rejetés

L’une des causes principales de cette restriction est la fraude massive qui a touché MaPrimeRénov’ en 2024 et début 2025. En juin, le gouvernement évoquait 16 000 dossiers suspects. Désormais, 5 000 cas avérés ont été identifiés, avec des rejets déjà prononcés.

Cette situation rappelle que le dispositif, pourtant essentiel, reste vulnérable sans contrôle rigoureux. Des plateformes non certifiées, des artisans peu scrupuleux ou des montages financiers abusifs ont entaché sa crédibilité.

Une politique énergétique à la croisée des chemins

Le recentrage du dispositif est un signal d’alarme pour les professionnels du secteur. D’un côté, les moyens publics se contractent ; de l’autre, les ménages les plus fragiles sont prioritaires, ce qui reste un impératif social.

Mais ce double mouvement crée un flou sur la stratégie de long terme : comment atteindre les objectifs de performance énergétique du parc résidentiel à horizon 2030 ? Comment soutenir les entreprises de la filière qui investissent dans la massification de la rénovation ?

Pour les acteurs du secteur comme HomeServe, ces changements appellent à une capacité d’adaptation rapide, mais aussi à une mobilisation collective pour défendre un cadre lisible et pérenne.

Notre analyse : ce que cela change pour les ménages et les professionnels

  • Pour les particuliers : seuls les plus modestes pourront déposer un dossier à partir du 30 septembre. Si vous êtes concerné, l’anticipation est clé. Préparez vos documents dès maintenant, car le quota pourrait être rapidement atteint.
  • Pour les professionnels : il est nécessaire de réadapter son offre en cohérence avec les nouveaux plafonds de travaux et le recentrage sur les passoires énergétiques. L'enjeu est aussi de rester vigilant sur la conformité administrative des dossiers pour éviter les rejets ou suspensions.

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