Alors que le ministère du Logement salue une montée en puissance des rénovations globales, les données du premier trimestre 2025 issues du bilan de l’Anah peinent à convaincre les observateurs. Si l’évolution semble encourageante au premier abord, une lecture approfondie invite à davantage de prudence.
📈 Une progression trompeuse des rénovations d’ampleur
Selon les chiffres officiels, 17 178 logements ont bénéficié d’une rénovation d’ampleur au premier trimestre 2025, un volume multiplié par trois par rapport à la même période en 2024. Ce chiffre s’expliquerait par une meilleure appropriation du parcours accompagné, censé faciliter les projets complexes grâce à un soutien renforcé, à la fois technique et financier.
Cependant, ce contraste avec le premier trimestre 2024 est à nuancer. L’entrée en vigueur de la réforme MaPrimeRénov’ en janvier 2024 avait fortement ralenti les dépôts, provoquant un gel quasi-total du dispositif, corrigé seulement en mai de la même année. Le redémarrage observé en 2025 pourrait ainsi correspondre, en grande partie, au traitement différé des dossiers déposés en urgence en fin d’année dernière, plutôt qu’à une réelle accélération.
🏘️ Des volumes encore en retrait sur l’année 2024
En élargissant la perspective, les chiffres du T1 2025 paraissent modestes : 12 526 rénovations d’ampleur financées en maisons individuelles et 4 652 en copropriétés, soit respectivement moins de 25 % et 12 % des volumes totaux de 2024. Les demandes déposées fin 2024, face aux craintes de réduction des aides, n’ont pas encore toutes été traitées, et le flux de nouveaux dossiers reste modéré.
Les données consolidées confirment une stabilité des nouvelles demandes pour les copropriétés, avec un rythme mensuel en baisse – moins de 10 000 par mois, deux fois moins qu’à la fin 2024.
🔧 La rénovation par geste en net repli
Autre point d’alerte : les rénovations par geste. Le premier trimestre 2025 n’enregistre que 46 331 logements financés, alors que le bilan annuel 2024 en comptait près de 250 000. Les travaux les plus courants restent la pompe à chaleur air-eau, le poêle à granulés et le poêle à bûches, qui composent le trio de tête.
Cette contraction interroge sur l’attractivité actuelle du dispositif pour les rénovations partielles, historiquement les plus sollicitées par les ménages.
💬 Un contexte budgétaire sous surveillance
Dans un climat marqué par les incertitudes sur l’avenir de MaPrimeRénov’, le ministère évoque désormais une "meilleure maîtrise des coûts". Des mesures de contrôle plus strictes sont à l’étude : demande de devis complémentaires pour les projets aux coûts supérieurs à la moyenne, ou encore priorisation des dossiers les plus économes.
Cette orientation confirme que le pilotage financier du programme est devenu central, sur fond de lutte contre les fraudes et de rationalisation des ressources de l’Anah.
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