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Publié le

26/5/2025

Rénovation d’ampleur : l’État reconfigure le financement en dopant les CEE

Publié le

26/5/2025

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À partir du 1er juin 2025, un projet d’arrêté prévoit une hausse significative des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) pour les rénovations d’ampleur. Une décision qui s’inscrit dans une stratégie plus large de redéploiement des aides, avec en ligne de mire la rationalisation budgétaire et la poursuite des objectifs climatiques.

Une stratégie budgétaire assumée : recentrer les flux financiers

Dans un contexte de crise budgétaire où le financement de MaPrimeRénov’ accuse un manque estimé à 2 milliards d’euros pour 2025, l’État ajuste sa stratégie. Plutôt que d’alimenter directement les aides via le budget public, il opère un glissement vers les dispositifs de marché, notamment les CEE.

Ce recentrage fait coup double : permettre à davantage de ménages de financer leur rénovation d'ampleur sans alourdir la dette publique; les CEE étant financés par les fournisseurs d'énergie sur la facture des consommateurs. 

Une redistribution des volumes de CEE : cap sur la rénovation globale

Cette évolution ne vient pas seule. Elle fait suite à une suppression de onze fiches standardisées, dont certaines très utilisées comme le calorifugeage dans le logement social. De plus, cette évolution ne vient pas seule. Elle fait suite à une suppression de onze fiches standardisées, dont certaines très utilisées comme le calorifugeage dans le logement social. L’objectif affiché : supprimer des gisements dont le retour sur investissement est déjà très court sans prime CEE pour les réorienter vers des actions plus ambitieuses et structurelles. Le retrait de certaines fiches, dont la fiche IND-UT-117 qui pesait à elle seule 10 % des délivrances, redistribue les cartes. À la clé, une concentration des efforts sur les opérations à fort impact énergétique : les rénovations d’ampleur de maisons individuelles (BAR TH 174) et d’appartements (BAR TH 175); le tout sans trop alourdir la facture énergétique des français.

Une montée en puissance de l’Anah, malgré les tensions

L’Agence nationale de l’habitat (Anah), déjà en charge des dispositifs MaPrimeRénov’ et des fiches concernées, se voit confiée un rôle central dans le pilotage de ce virage. Le texte du projet d’arrêté mentionne explicitement une interdiction de sous-traitance des études énergétiques, avec obligation de visite physique par l’organisme auditeur — un garde-fou contre les fraudes passées sur la rénovation globale.

Toutefois, les critiques restent nombreuses : retards de paiement, saturation des équipes, et manque de lisibilité des circuits d’instruction. Certains acteurs du secteur plaident pour maintenir une gouvernance hybride, laissant aux opérateurs privés le pilotage des volets CEE, complétés si besoin par MaPrimeRénov’.

Un levier concret pour les ménages modestes et très modestes

La mesure phare de ce projet d’arrêté concerne les ménages aux revenus modestes, avec une hausse des forfaits CEE :

  • x5 pour les très modestes, faisant passer la part financée par les CEE de 25 % à 50 % du coût des travaux.
  • x4 pour les modestes, rééquilibrant le partage entre MaPrimeRénov’ et les CEE.
  • x2 pour les autres ménages.

Pour ces publics, cela se traduit par un financement plus lisible et plus rapide, dans un contexte où la demande repart à la hausse et où les contraintes budgétaires ralentissent certains projets locaux.

Un signal fort sur le marché, à la veille de la 6e période CEE

Alors que la 5e période des CEE s’achève fin 2025, le marché réagit : le cours spot du CEE classique est reparti à la hausse (8,75 €), et le CEE précarité atteint 14,68 €, signe d’un regain d’intérêt.

Ce mouvement pourrait rouvrir le jeu pour des opérations jusqu’ici figées, à l’image du calorifugeage dans les logements sociaux, et offrir un second souffle à des chantiers prioritaires mais bloqués par les règles budgétaires.

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